A Genève, ce vendredi 13 avril, l’ONU, l’Union européenne et les Pays-Bas organisent une conférence des donateurs pour la RDC. Selon l’ONU, au moins 13 millions de personnes, dont un tiers de déplacés internes, ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence cette année… Et il faut trouver plus d’1,5 milliard de dollars pour leur venir en aide. Le gouvernement congolais a refusé d’y participer, estimant que cette conférence aillait donner une mauvaise image du pays. Kinshasa conteste la gravité de la crise.
Si l’on en croit les humanitaires, c’est l’une des pires crises de déplacements de populations au monde avec plus de 4,5 millions de déplacés internes. En Ituri, province du nord-est du pays, des dizaines de milliers de personnes ont fui vers la capitale, Bunia, et en Ouganda depuis la mi-décembre. Ces déplacés et réfugiés manquent de tout, fuyant des massacres d’une ampleur que cette région de la RDC n’avait plus connu depuis quinze ans, même si beaucoup crient à la manipulation. Entre 2002 et 2003, de violents affrontements inter-ethniques, sur fond de pillages des ressources, avaient ravagé l’Ituri, entraînant le déploiement de la première force sous bannière européenne, l’opération française Artémis. Ce sont les crimes de cette sale guerre qui ont fait les premiers procès de la Cour pénale internationale.
Bunia, les déplacés arrivent affamés, certains après s’être caché ou avoir fui pendant plusieurs jours. « Mon bébé est mort, je n’avais pas de quoi l’allaiter », explique une jeune déplacée d’une trentaine d’années. Il y a un mois et demi, elle a perdu son enfant de huit mois. Elle n’avait rien à manger, rien pour le nourrir. Quand elle a pu accéder à de l’aide, il était trop tard.
Depuis la mi-2016, l’urgence, ce n’est pas seulement dans les provinces de l’Est, le Nord, le Kivu et l’Ituri. Dans le Tanganyika, des affrontements inter-communautaires avaient déjà éclaté en 2014. Mais depuis août 2016, ce sont des dizaines de villages qui ont fait l’objet d’attaques ; tous les territoires de cette province née du découpage du Katanga ont connu des violences. La crise déborde avec les déplacements de populations comme de milices armées dans les provinces voisines. C’est aussi en août 2016 que le chef coutumier insurgé Kamuina Nsapu a été tué dans l’assaut sanglant contre le village du même nom. Sa mort a entraîné une insurrection sans précédent dans les provinces du Kasaï, touchant une superficie grande comme la Norvège. La répression a été brutale. L’ONU dit avoir documenté des dizaines de fosses communes.
Avec RFI