Nord-Kivu / Butembo, Beni -Il y a près de cinq ans, l’hydroélectricité n’était qu’un mot dans les manuels scolaires pour plus d’un million et demi d’habitants des villes de Beni et Butembo (Nord-Kivu), à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis 2017, une centrale hydroélectrique est opérationnelle à Ivugha, une ville périphérique de Butembo.
Elle alimente cette dernière ainsi que sa ville voisine (Beni) en électricité. Cette énergie électrique a changé la donne dans plusieurs secteurs, notamment l’entrepreneuriat des jeunes. Aujourd’hui, les petites et moyennes entreprises existantes réalisent de bonnes marges bénéficiaires.
Ils permettent d’économiser des dépenses autrefois affectées à l’énergie. Surtout, des entreprises nouvelles et innovantes sont soudainement nées. Cela apportait plusieurs avantages : une énergie propre car renouvelable et non polluante, une étape dans la préservation de la biodiversité du parc des Virunga car cette énergie est censée remplacer le charbon de bois. Néanmoins, la couverture du réseau électrique est encore faible et le prix n’est pas encore à la portée de toutes les bourses.
Un reportage d’Hervé Mukulu, réalisé en partenariat avec InfoNile grâce au financement de la Fondation JRS Biodiversité, édité par Claude Sengenya et Umbo Salama ; réalisé avec la collaboration de Juvénal Bulemo, Georges Kisando, Emmanuel Kateri, Jackson Sivulyamwenge et Robert Mwenderwa.
la tombée de la nuit, des réverbères s’allument soudainement dans les rues de la ville de Lubero. C’est la scène magique dont les habitants de cette ville, située à 45 km de la ville de Butembo, ont été témoins le 14 décembre 2021. Cette immense joie a été saluée comme un signe d’espoir sur les réseaux sociaux, « Enfin, le pouvoir est là, à Lubero, à la porte de Butembo » – un jeune homme stupéfait de Lubero dans un groupe WhatsApp a partagé la photo qui est devenue virale. Cette lumière dans la rue est un signe d’espoir concret.
« Nous attendions cette puissance comme le retour de Jésus. C’est une grâce de l’avoir maintenant; cela nous aidera beaucoup car il n’y a pas de développement sans électricité ; il n’y a pas de zone économique sans électricité », a déclaré Nzoli Roger, président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), section Lubero.
« L’électricité est l’une des sources du développement », a ajouté Katembo Katsetse Masudi, la trentaine avancée, entrepreneure locale et présidente de Kyaghanda Yira Lubero, une structure culturelle de la tribu Nande.
Il y a cinq ans, à Butembo et Beni, pour obtenir suffisamment d’électricité pour alimenter une activité génératrice de revenus comme un bar, une boutique ou une borne de recharge téléphonique, il n’y avait que deux options. Procurez-vous ou abonnez-vous à un groupe électrogène alimenté au carburant ou même faites l’acquisition d’un équipement solaire. Cela nécessitait un investissement souvent hors de portée des jeunes désireux de faire des affaires dans ces importantes villes commerçantes du Nord-Kivu. Pour pallier ce problème, frein au développement de la région, des projets ont vu le jour.
Premièrement, l’organisation Virunga Alliance a mis en place plusieurs projets de centrales hydroélectriques autour du Parc National des Virunga (PNVi) pour réduire la pression humaine sur ce site du patrimoine mondial en péril.
« Dans la partie Est, nous avons programmé 6 centrales hydroélectriques aux Virunga qui produiront pour nous 105 à 120 MW et qui créeront environ 120 000 emplois. Et autour de nos espaces protégés, notre objectif est d’essayer de pérenniser ces pratiques, ces bonnes pratiques. Demain, les espaces protégés ne doivent plus être comme des îles fermées, mais plutôt être considérés comme des bassins de développement. Par conséquent, les investissements qui sont accordés aux aires protégées préparent un avenir meilleur », a expliqué Pasteur Cosma Wilungula, directeur général de l’ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature) rapporté par le média Congo Profound.
Depuis la distribution de l’électricité fournie par la centrale électrique de Matebe (en territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu), l’utilisation du charbon de bois, dont une grande partie est exploitée illégalement dans le PNVi, a sensiblement diminué de 50% dans les ménages et les commerces déjà desservis , selon l’ ICCN . En effet, le bois énergie , consommé sous forme de charbon de bois ou de bois de feu, est la principale source d’énergie domestique en RDC. Il est principalement utilisé pour la cuisson des aliments dans les ménages et pour certaines usines artisanales (pain, shikchange, briqueteries, etc.). L’accès à l’électricité au niveau national était estimé à 19,1% en 2019 selon la Banque mondiale .
infonile via 24hcongo